Gustave Flaubert est né à Rouen le 12 décembre 1821 et mort à Croisset le 8 mai 1880. Fils du chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen, il grandira dans ce cadre qui le marquera beaucoup :
« L'amphithéâtre de l'Hôtel-Dieu donnait sur notre jardin. Que de fois, avec ma sœur, n'avons-nous pas grimpé au treillage et, suspendus entre la vigne, regardé curieusement les cadavres étalés ! Le soleil donnait dessus ; les mêmes mouches qui voltigeaient sur nous et sur les fleurs allaient s'abattre là, revenaient, bourdonnaient ! (...) Je vois encore mon père levant la tête de dessus sa dissection et nous disant de nous en aller. » (Lettre à Louise Colet, 7 juillet 1853)
Flaubert, enfant
Gustave y passe son enfance avec sa sœur cadette Caroline. Le frère aîné, Achille, a 11 ans de plus que Gustave, il prendra la succession de leur père à l'Hôtel-Dieu.
Caroline Commanville (nièce de Flaubert)
« Ces pages ne sont point une biographie de Gustave Flaubert ; ce sont de simples souvenirs : les miens et ceux que j'ai pu recueillir.
La vie de mon oncle s'est passée tout entière dans l'intimité de la famille, entre sa mère et moi : la raconter, c'est le faire connaître, aimer et estimer davantage ; je crois ainsi accomplir un devoir pieux envers sa mémoire. [...] »
En guise de biographie, les Souvenirs intimes de Caroline Commanville, lecture de Victoria (durée 1 h 17).
Caroline Commanville, Souvenirs intimes
Écouter en ligne :
Gustave se lie à Ernest Chevalier à qui il confie dès 1830 ses ambitions littéraires. Il écrira (voir plus loin les Œuvres de jeunesse) d'ailleurs dès le Collège royal de Rouen où il poursuit ses études sans enthousiasme :
«
Ce fut un temps d'inconcevable ennui et d'une tristesse bête
mêlée à des spasmes de bouffonnerie. »
Élève indiscipliné, il en sera renvoyé en 1839.
En 1841, il entame des études de droit à Paris, voici ce qu'il en dit :
En 1841, il entame des études de droit à Paris, voici ce qu'il en dit :
« C’est l’École de Droit que j’ai sur les épaules. Tu trouveras peut-être la métaphore ambitieuse ; il est vrai que si je la portais sur mes épaules, je me roulerais bien vite par terre pour briser mon fardeau. »
(Lettre à Ernest Chevalier, Paris, 18 février 1843)
(Lettre à Ernest Chevalier, Paris, 18 février 1843)
« Il existe aussi sur la terre un petit point restreint qu’on appelle Paris, et dans ce point une autre imperceptibilité qui est l’École de Droit. C’est justement là qu’il me faut vivre, c’est là que je suis à me durcir les fesses sur des bancs de bois et à endurer un professeur qui fait tomber sur vos épaules sa parole de plomb, ou d’airain, comme on voudra. Je vais bien encore au cours, mais je n’écoute plus ; c’est du temps perdu. ». (Lettre à Caroline, Paris, juin 1843)
A Paris, Gustave Flaubert fréquente le monde littéraire et rencontre Victor Hugo, Maxime Du Camp.
« Tu t'attends à des détails sur Victor Hugo. Que veux-tu que je t'en dise ? C'est un homme comme un autre, d'une figure assez laide et d'un extérieur assez commun. Il a de magnifiques dents, un front superbe, pas de cils ni de sourcils. Il parle peu, a l'air de s'observer et de ne vouloir rien lâcher ; il est très poli et un peu guindé. J'aime beaucoup le son de sa voix. J'ai pris plaisir à le contempler de près ; je l'ai regardé avec étonnement, comme une cassette dans laquelle il y aurait des millions et des diamants royaux, réfléchissant à tout ce qui était sorti de cet homme assis alors à côté de moi sur une petite chaise, et fixant ses yeux sur sa main droite qui a écrit tant de belles choses. C'était là pourtant l'homme qui m'a le plus fait battre le cœur depuis que je suis né, et celui peut-être que j'aimais le mieux de tous ceux que je ne connais pas. On a parlé de supplices, de vengeances, de voleurs, etc. C'est le grand homme et moi qui avons le plus causé ; je ne me souviens plus si j'ai dit des choses bonnes ou bêtes, mais j'en ai dit d'assez nombreuses. » (Lettre à Caroline, 3 décembre 1843)
En 1844, atteint d'épilepsie, il abandonne ses études et s'installe à Croisset. Il retrouve Louis Bouilhet, son ami de collège, qui devient selon les propres mots de Flaubert "sa conscience littéraire".
Pavillon Flaubert (cliquer pour voir la vidéo)
Pour aller plus loin...
Un documentaire de Sophie Berdah : Une vie, une œuvre (59 min - 2007)
Gustave Flaubert, une apparition (mp3) : clic droit, "enregistrer sous..."
Les Œuvres de jeunesse
« Tu t'attends à des détails sur Victor Hugo. Que veux-tu que je t'en dise ? C'est un homme comme un autre, d'une figure assez laide et d'un extérieur assez commun. Il a de magnifiques dents, un front superbe, pas de cils ni de sourcils. Il parle peu, a l'air de s'observer et de ne vouloir rien lâcher ; il est très poli et un peu guindé. J'aime beaucoup le son de sa voix. J'ai pris plaisir à le contempler de près ; je l'ai regardé avec étonnement, comme une cassette dans laquelle il y aurait des millions et des diamants royaux, réfléchissant à tout ce qui était sorti de cet homme assis alors à côté de moi sur une petite chaise, et fixant ses yeux sur sa main droite qui a écrit tant de belles choses. C'était là pourtant l'homme qui m'a le plus fait battre le cœur depuis que je suis né, et celui peut-être que j'aimais le mieux de tous ceux que je ne connais pas. On a parlé de supplices, de vengeances, de voleurs, etc. C'est le grand homme et moi qui avons le plus causé ; je ne me souviens plus si j'ai dit des choses bonnes ou bêtes, mais j'en ai dit d'assez nombreuses. » (Lettre à Caroline, 3 décembre 1843)
Croisset
En 1844, atteint d'épilepsie, il abandonne ses études et s'installe à Croisset. Il retrouve Louis Bouilhet, son ami de collège, qui devient selon les propres mots de Flaubert "sa conscience littéraire".
Pavillon Flaubert (cliquer pour voir la vidéo)
- Pavillon Flaubert à Croisset, (clic droit, enregistrer sous") vidéo de l'Université de Rouen.
Le Cabinet de travail de Flaubert à Croisset (1874)
Pour aller plus loin...
Un documentaire de Sophie Berdah : Une vie, une œuvre (59 min - 2007)
Gustave Flaubert, une apparition (mp3) : clic droit, "enregistrer sous..."
Écouter en ligne :
Les Œuvres de jeunesse
Gustave Flaubert, adolescent |
Quelques œuvres de jeunesse en livres audio :
- Bibliomanie, nouvelle lue par René Depasse.
- Rage et impuissance, (clic droit, enregistrer sous) nouvelle lue par Pomme.
- Rêve d'enfer, nouvelle fantastique (1837) lue par Victoria.
- Mémoires d'un fou, nouvelle lue par René Depasse.
- Les Funérailles du docteur Mathurin, nouvelle lue par René Depasse
- La Dernière heure, nouvelle lue par Pomme.
Flaubert, vers 1830
Pour découvrir l'univers de Flaubert jeune, une émission de la TSR
Henri Guillemin présente...Gustave Flaubert (Vidéo - Partie 1 - 30 min)
Dans la deuxième partie, Henri Guillemin évoque le déroulement de la carrière de l'écrivain et sa relation avec Louise Colet. Il aborde également des aspects moins connus de la personnalité de Flaubert grâce à des anecdotes biographiques recueillies dans sa correspondance.
Henri Guillemin présente... Gustave Flaubert (Vidéo - Partie 2 - 33 min)
Henri Guillemin présente les grands écrivains
Flaubert rédige dès 1845, une première version de L'Éducation sentimentale, il y transpose sa rencontre en 1836 à Trouville avec Élisa Schlésinger.
L'année 1846 est marquée par des deuils. Flaubert perd successivement, son père et sa sœur tendrement aimée, Caroline, qui meurt deux mois après la naissance de la petite Caroline dont Flaubert s'occupera toute sa vie (voir Souvenirs intimes de Caroline Commanville).
Cette année est aussi celle de la rencontre avec Louise Colet avec qui Flaubert aura une liaison houleuse et passionnée pendant dix ans.
« Je suis engagé dans un tas de travaux qu’il faut que je finisse, et puis maintenant j’ai toujours peur d’écrire, de manquer mes plans,de sorte que je recule devant l’exécution ». (Lettre à Louise Colet du 22 septembre 1846)
Louise Colet |
Flaubert rédige dès 1845, une première version de L'Éducation sentimentale, il y transpose sa rencontre en 1836 à Trouville avec Élisa Schlésinger.
L'année 1846 est marquée par des deuils. Flaubert perd successivement, son père et sa sœur tendrement aimée, Caroline, qui meurt deux mois après la naissance de la petite Caroline dont Flaubert s'occupera toute sa vie (voir Souvenirs intimes de Caroline Commanville).
Cette année est aussi celle de la rencontre avec Louise Colet avec qui Flaubert aura une liaison houleuse et passionnée pendant dix ans.
« Je suis engagé dans un tas de travaux qu’il faut que je finisse, et puis maintenant j’ai toujours peur d’écrire, de manquer mes plans,de sorte que je recule devant l’exécution ». (Lettre à Louise Colet du 22 septembre 1846)
« Nous pensons qu’il faut jeter cela au feu et n’en jamais reparler ».
Flaubert en restera très affecté :
« L’histoire de saint Antoine m’a porté un coup grave, je ne le cache pas » (Lettre à Louis Bouilhet, 13 mars 1850).
Ses amis lui auraient conseillé une cure de désintoxication en prenant « un sujet terre à terre, un de ces incidents dont la vie bourgeoise est pleine » (Biographie détaillée d'Yvan Leclerc pour Le Magazine littéraire)
Entre 1849 et 1851, Flaubert entreprend un long voyage en Orient avec Maxime Du Camp avec qui il entretiendra toute sa vie une amitié conflictuelle.
L'été 1851, Flaubert commence la rédaction de Madame Bovary qu'il achèvera en 1856. D'abord publié dans la Revue de Paris, le roman fait l'objet d'un procès retentissant qui ne sera pas étranger au succès de librairie qui suivra...
« Je suis en train de recopier, de corriger et raturer toute ma première partie de Bovary. Les yeux m’en piquent. Je voudrais d’un seul coup d’ œil lire ces cent cinquante-huit pages et les saisir avec tous leurs détails dans une seule pensée. (...) Quelle chienne de chose que la prose ! Ça n’est jamais fini ; il y a toujours à refaire. Je crois pourtant qu'on peut lui donner la consistance du vers. Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers, inchangeable, aussi rythmée, aussi sonore. Voilà du moins mon ambition (il y a une chose dont je suis sûr, c’est que personne n’a jamais eu en tête un type de prose plus parfait que moi ; mais quant à l'exécution, que de faiblesses, que de faiblesses mon Dieu !). Il ne me paraît pas non plus impossible de donner à l’analyse psychologique la rapidité, la netteté, l’emportement d'une narration purement dramatique. Cela n’a jamais été tenté et serait beau. Y ai-je réussi un peu ? Je n’en sais rien. (...) Tout le talent d’écrire ne consiste après tout que dans le choix des mots. C’est la précision qui fait la force. Il en est en style comme en musique : ce qu'il y a de plus beau et de plus rare, c'est la pureté du son style.. »
(Lettre à Louise Colet, 22 juillet 1852)
- Quelques extraits des lettres de Flaubert au sujet de Madame Bovary
Madame Bovary, mœurs de province
Le sujet :
Charles Bovary épouse en deuxième noce, Emma, jeune fille rêveuse et romantique. Très vite déçue par la réalité du mariage et la médiocrité de son mari, Emma va commettre l'adultère. Là encore, la réalité la rattrape et ses amants se montreront bien décevants ! Couverte de dettes par ses extravagances, Emma choisit une issue fatale.
Madame Bovary en livre audio, lu par Victoria (13h)
Écouter un extrait : Chapitre 01
Sur Madame Bovary :
- Claudine Gothot-Mersch, La Génèse de Madame Bovary, Corti, 1966
- Claudine Gothot-Mersch, Madame Bovary, Garnier, 1971
- Edition intégrale des manuscrits de Madame Bovary (Bibliothèqje de Rouen et Université de Rouen - Numérisations et transcriptions)
- La réception contemporaine de Madame Bovary, Université de Rouen
- Bovary, mythe féminin par Pierre-Marc de Biasi
- Madame Bovary par Albert Thibaudet
- Madame Bovary par Gustave Flaubert vu par Charles Baudelaire
- Le roman de Philippe Doumenc, Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, Actes Sud, 2007
- Gustave Flaubert et Madame Bovary : catalogue de l'exposition organisée pour le centenaire de la publication du roman, Paris, Bibliothèque nationale de France, [19 décembre 1957-28 février 1958] (clic droit, "enregistrer sous", pdf)
Quelques adaptations cinématographiques :
1933 : Madame Bovary par Jean Renoir
1949 : Madame Bovary par Vincente Minnelli
1991 : Madame Bovary par Claude Chabrol
« Idéal : tout à fait inutile » (Dictionnaire des idées reçues) |
La Plaidoirie du procès de Madame Bovary de Jules Sénard, lue par René Depasse (2h55).
« Messieurs, M. Gustave Flaubert est accusé devant vous d'avoir fait un mauvais livre, d'avoir, dans ce livre, outragé la morale publique et la religion. M. Gustave Flaubert est auprès de moi ; il affirme devant vous qu'il a fait un livre honnête ; il affirme devant vous que la pensée de son livre, depuis la première ligne jusqu'à la dernière, est une pensée morale, religieuse, et que, si elle n'était pas dénaturée (nous avons vu pendant quelques instants ce que peut un grand talent pour dénaturer une pensée), elle serait (et elle reviendra tout à l'heure) pour vous ce qu'elle a été déjà pour les lecteurs du livre, une pensée éminemment morale et religieuse pouvant se traduire par ces mots : l'excitation à la vertu par l'horreur du vice. [...] »
George Sand & Gustave Flaubert
Flaubert fréquente les salons parisiens et y rencontre George Sand avec laquelle il va nouer une amitié littéraire et épistolaire (1863). Il côtoie aussi les frères Goncourt, Sainte-Beuve, Baudelaire, Théophile Gautier et plus tard Tourguéniev.
La très volumineuse correspondance de Flaubert permet de suivre l'évolution de ses créations littéraires et de découvrir l'homme.
« La correspondance de Flaubert est, d'un avis presque unanime, l'une des plus belles de notre littérature. Elle représente d'abord un document de tout premier ordre sur la France, surtout bourgeoise, du XIXe siècle. Le Journal des frères Goncourt est limité, en fait, à la vie littéraire et artistique de leur temps ; les nombreux Mémoires ou Souvenirs ont été écrits en vue d'une publication éventuelle et façonnés pour servir le point de vue de leur auteur. Au contraire, dans la Correspondance, Flaubert aborde tous les sujets d'actualité, à mesure qu'ils se présentent, et sans autre souci que celui de dire ce qu'il pense et de ne pas choquer ou rebuter son correspondant : religion, politique, mœurs et coutumes de tous ordres. Dans tous ces domaines, la position de Flaubert est assez complexe : ce bourgeois qui a si sévèrement jugé les bourgeois a très sérieusement étudié son temps, et son témoignage est souvent clairvoyant. Quant à la vie intellectuelle de son époque, Flaubert est bien plus curieux, plus ouvert que ses « bichons ». Il a beaucoup lu, et de tout, pour son œuvre et par goût : philosophie, ouvrages scientifiques, surtout en médecine et en biologie, histoire ancienne et moderne, littérature et critique d'art. [...]
Document sur son temps, riche de jugements personnels et souvent profonds sur les penseurs et les artistes du passé et du présent, la correspondance de Flaubert est surtout une "voie royale" pour pénétrer sa personnalité et comprendre son œuvre. » Jean Bruneau (Présentation de La Pléiade)
Extraits de la correspondance de Flaubert et Sand, lus par René Depasse et Victoria (32 min).
Écouter en ligne :
En 1981, Alphonse Jacobs éditait chez Flammarion la correspondance croisée de George Sand et Gustave Flaubert. Dans l'émission de Lucrèce La Chenardière du 5 octobre 2006, nous entrons dans l'histoire de cette amitié.
Écouter un extrait : Partie 1
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Sand et Flaubert : échanges épistolaires entre amis (1/2)
Sand et Flaubert : échanges épistolaires entre amis (2/2)
Carnet nomade de Colette Fellous.
C'est à partir de la correspondance de Flaubert qui recouvre les quatre dernières années de sa vie, de 1876 à 1880, et qui a été publiée dans la Pléiade que le carnet nomade se bâtira. Lettres à ses amis, à sa nièce Caroline, à Maupassant, à Hugo, à Léonie Brainne, à George Sand à la Princesse Mathilde, à Emile Zola, à Tourgueniev. (Présentation France Culture)
Télécharger l'émission - 60 min (mp3) : clic droit, "enregistrer sous..."
La Correspondance de Gustave Flaubert
La Correspondance de Gustave Flaubert
Écouter en ligne :
Bibliographie sélective :
- Gustave Flaubert - George Sand, Correspondance d'Alphonse Jacob, Flammarion, 1992
- Gustave Flaubert - Correspondance sous la direction de Jean Bruneau et Yvan Leclerc, Gallimard - La Pléiade
- La Correspondance de Gustave Flaubert sur le site de l'Université de Rouen - Centre Flaubert
Guy de Maupassant & Gustave Flaubert
On ne peut parler de la correspondance de Flaubert sans évoquer celle, si abondante, qu'il a entretenue avec Maupassant.
La relation nouée avec Alfred Le Poittevin – l’oncle de Guy de Maupassant – remonte aux années de collège. C'est au nom de cette amitié que Laure de Maupassant (sœur d'Alfred) contribue activement au rapprochement de son fils, Guy et de Flaubert.
Flaubert accorde une protection littéraire à Maupassant, l'encourage, le guide et le conseille. Il l'introduit dans le milieu littéraire. Maupassant rencontre Tourguéniev, Zola, Daudet, Goncourt, et la princesse Mathilde.
Flaubert, admiré par les jeunes naturalistes, est alors considéré comme l’un des grands maîtres du roman moderne. Le jeune Maupassant entretient des relations privilégiées avec Flaubert. Les lettres établissent et entretiennent une relation de maître à disciple à laquelle Maupassant tient particulièrement et qui éclaire les dernières années de Flaubert.
Pour illustrer cette relation, vous pouvez écouter ou télécharger Les Nouveaux chemins de la connaissance de Raphaël Enthoven (25 janvier 2008).
Écouter en ligne :
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Bibliographie :
- Gustave Flaubert - Guy de Maupassant, Correspondance d'Alphonse Jacob, Flammarion, 1993
« Je persécute les métaphores et bannis à outrance les analyses morales »
L'année 1858 est mondaine. Flaubert rencontre Sainte-Beuve, Renan, Gautier, les frères Goncourt, Baudelaire. Il voyage en Algérie et à Carthage, voyage qui lui servira pour les descriptions de Salammbô dont il a commencé la rédaction. En mai 1861, il invite les Goncourt :
« Voici le programme : 1º Je commencerai à hurler à 4 heures juste. — Donc venez vers 3 ; 2º À 7 heures, dîner oriental. On vous y servira de la chair humaine, des cervelles de bourgeois et des clitoris de tigresse sautés au beurre de rhinocéros ; 3º Après le café, reprise de la gueulade punique jusqu’à la crevaison des auditeurs. Ça vous va-t-il ? »
Fin avril 1862, Flaubert termine le roman, il aura mis cinq ans à l'écrire. Salammbô (publication le 24 novembre 1962) connaît un succès immédiat. George Sand en fait une critique élogieuse, cela sera le point de départ de leur amitié.
Salammbô par Gaston Bussière - 1907 |
Le sujet :
Roman historique nourrit de son voyage à Carthage et de ses nombreuses lectures de Pline, Xénophon, Plutarque et Hippocrate, Salammbô a pour thème la révolte des Mercenaires. Flaubert décrit un Orient violent et sensuel.
Les Nouveaux chemins de la connaissance, une émission de Raphaël Enthoven sur Salammbô ( 24 janvier 2008 - 30 min).
Écouter en ligne : Partie 1
Télécharger l'émission (mp3) : clic droit, " enregistrer sous..."
Salammbô
Sur Salammbô :
- Albert Thibaudet
- Salammbô sur Wikipédia
L'Éducation sentimentale
En avril 1864, la nièce de Flaubert, Caroline se marie. Flaubert commence la rédaction de L'Éducation sentimentale le premier septembre. Là encore, il mettra cinq ans pour achever le roman (16 mai 1869).
«
Je veux faire l'histoire morale des hommes de ma génération
; "sentimentale" serait plus vrai. C'est un livre d'amour, de passion ;
mais de passion telle qu'elle peut exister maintenant, c'est-à-dire
inactive. Le sujet, tel que je l'ai conçu, est, je crois, profondément
vrai, mais, à cause de cela même, peu amusant probablement.
Les faits, le drame manquent un peu ; et puis l'action est étendue
dans un laps de temps trop considérable. Enfin, j'ai beaucoup de
mal et je suis plein d'inquiétudes. » (Lettre à Mademoiselle Leroyer de Chantepie, 6 octobre 1864)
Dans la célèbre rencontre entre Madame Arnoux et Frédéric on est tenté de retrouver celle de Flaubert et d'Elisa Schésinger à Trouville en 1836...
De 1865 à 1869, Flaubert achève la première partie du roman en 1865 et la troisième en 1868. Il voyage à Londres, recoit George Sand et Tourguéniev à Croisset. Flaubert se documente et fait de multiples déplacements pour les besoins du roman. Enfin, le 16 mai 1869 :
« Dimanche matin, 5 heures moins 4 minutes. / FINI ! mon vieux ! — Oui, mon bouquin est fini ! (...) Je suis à ma table, depuis hier, 8 heures du matin. — La tête me pète. N’importe ! J’ai un fier poids de moins sur l’estomac » (Lettre à Jules Duplan).
Il fait une lecture publique de 16 h chez la Princesse Mathilde. Le livre sera publié en novembre.
Le résumé :
Sur le bateau qui le ramène à Nogent, Frédéric Moreau, jeune bachelier, a le coup de foudre pour Madame Arnoux, femme d'un spéculateur qui finira ruiné. Si elle lui avoue, fort tard, qu'elle partage son amour, elle ne lui cédera jamais. Peut-être le regrette-t-elle lors de leur dernière entrevue, 27 ans plus tard.
Entre temps, Frédéric Moreau, riche d'un héritage qu'il n'espérait plus, aura eu avec Rosanette, une demi-mondaine, une liaison et un enfant qui mourra. Il aura refusé le mariage avec Madame Dambreuse, veuve d'un banquier opportuniste, aura vu son meilleur ami épouser Mademoiselle Roque, qui n'attendait pourtant que lui, et aura assisté de loin à la révolution de 1848 et au coup d'état de Napoléon III.
(J. B. Guinot)
Les Nouveaux chemins de la connaissance, une émission de Raphaël Enthoven du 22 janvier 2008 (30 min).
Écouter en ligne :
Télécharger l'émission (mp3) : clic droit, "enregistrer sous..."
L'Éducation sentimentale
Début juillet 1869, Flaubert s'attaque à La Tentation de Saint-Antoine.
« J'ai repris une vieille toquade, un livre que j'ai déjà écrit deux fois et que je veux refaire à neuf. C'est une extravagance complète, mais qui m'amuse. Aussi suis-je perdu maintenant dans les Pères de l'église, comme si je me destinais à être prêtre ! » (Lettre à la Princesse Mathilde, 8 juillet 1869)
Le 18 juillet 1869, le fidèle ami, Louis Bouilhet meurt.
« J'ai enterré avant-hier ma conscience littéraire, mon jugement, ma boussole, - sans compter le reste ! »
« En perdant mon pauvre Bouilhet, j'ai perdu mon accoucheur, celui qui voyait dans ma pensée plus clairement que moi-même. » (Lettre à George Sand, 12 janvier 1870)
Le 17 novembre parution de L'Éducation sentimentale très mal accueilli par la critique :
L'Éducation sentimentale par...
- L'accueil de L'Éducation sentimentale par Barbey d'Aurevilly, George Sand et Henry James.
- L'Éducaton sentimentale vue par Zola :
« Pour moi, l'Éducation sentimentale, comme Madame Bovary, est une pure symphonie. N'oubliez pas que je n'ai point voulu juger l'oeuvre et j'en cause ici en simple artiste ; je conte mes sensations, rien de plus. Dans son nouveau roman, Gustave Flaubert a élargi son thème ; mais les variations sont aussi nombreuses et aussi délicatement travaillées. Son intention première a certainement été de résumer tout un âge, les années troubles allant de 1840 à 1851, et il a pris pour motif principal l'agonie lente et inquiète de la monarchie, coupée par les coups de feu de février, de juin à décembre. Dans ce cadre, il a fait revivre la génération du temps, pour laquelle l'histoire aura de grandes sévérités ! [...] »
L'Éducation sentimentale vue par Zola en audio, lecture : Blanche (19 min).
Grande déception de Flaubert...
« Le grand succès m’a quitté depuis Salammbô. Ce qui me reste sur le cœur, c’est l’échec de L’Éducation sentimentale. Qu’on n’ait pas compris ce livre-là, voilà ce qui m’étonne » (Lettre à Tourguéniev, 2 juillet 1874).
Sur le roman :
- L'Éducation sentimentale par Albert Thibaudet
- L'Éducation sentimentale sur Wikipédia
- Yvan Leclerc, Gustave Flaubert - L'Éducation sentimentale, Presses Universitaires de France, 1997.- Coll. Etudes Littéraires
Il finit l'année 1869 par un séjour à Nohant chez George Sand.
1870, l'invasion des Prussiens oblige Flaubert à quitter Croisset, occupé par l'ennemi, pour Rouen. La guerre, la perte de son ami, la solitude, tout cela ajoute au chagrin du solitaire de Croisset.Les épreuves continuent... le 6 avril 1872, sa mère décède :
« Je me suis aperçu, depuis 15 jours, que ma pauvre bonne femme de maman
était l’être que j’ai le plus aimé. C’est comme si l’on
m’avait arraché une partie des entrailles » (Lettre à George Sand, 16 avril).
Le 1 juillet, il achève La Tentation de Saint Antoine, il débute Bouvard et Pécuchet.
Le 1 juillet, il achève La Tentation de Saint Antoine, il débute Bouvard et Pécuchet.
1873, Flaubert malade fait un séjour à Nohant chez Sand avec son ami Tourguéniev.Première lettre de Maupassant datée du 20 juin 1873.
Jérôme Bosch, Tentation de Saint Antoine
Les deux premières versions de La Tentation (textes)
La version définitive de La Tentation de Saint Antoine est publiée le 31 mars 1874.
« Le premier ouvrage que je mettrai sous presse portera en tête le nom de ton frère, car dans ma pensée la Tentation de Saint Antoine a toujours été dédiée "à Alfred Le Poittevin". Je lui avais parlé de ce livre six mois avant sa mort. J’en ai fini avec cette oeuvre qui m’a occupé à diverses reprises pendant vingt-cinq ans ! » (Lettre à Laure Le Poittevin, mère de Guy de Maupassant, 30 octobre 1873)
L'accueil n'est pas favorable.
« Au milieu de mes chagrins, j’achève mon Saint Antoine. C’est l’œuvre de toute ma vie, puisque la première idée m’en est venue en 1845, à Gênes, devant un tableau de Breughel et depuis ce temps-là je n’ai cessé d’y songer et de faire des lectures afférentes. [...] Jamais je ne retrouverai des éperduments de style comme je m’en suis donné là pendant dix-huit mois. »
Le sujet :
Antoine, évoquant les souvenirs encore trop vivaces de son passé, connaît à nouveau les tentations démoniaques : des visions de luxure, les séductions du pouvoir ou de la volupté l'assaillent. Le démon dévoile à Antoine les secrets de l'univers.
La Tentation de Saint Antoine en livre audio lu par René Depasse (6h10)
« Flaubert s’est représenté dans saint Antoine comme Gœthe dans Faust. Il a vu en lui-même ceci : un solitaire avec des visions. En se complaisant dans ses visions, il s’est toujours vu rongé et détruit par elles, et a connu sous leur tourbillon sa noblesse intérieure. [...] » (Albert Thibaudet, Gustave Flaubert, Gallimard, 1935)
« Qui veut pénétrer le sens philosophique de la Tentation doit se pencher tout d'abord sur le sens du passage où Antoine connaît la révélation de la matière. Pour la première fois dans les écrits mystiques de Flaubert nous voyons une sorte de « profession de foi » philosophique où l'unité et la cohérence du cosmos sont expliqués. »
(Extrait de Art et Infini, l'œuvre de jeunesse de Gustave Flaubert, T. Unwin, Éditions Rodopi, 1991)
Bibliographie :
- La Tentation de Saint Antoine vue par Auguste Villiers de l'Isle-Adam
- La Tentation de Saint Antoine vue par Albert Thibaudet
- Le Drame de la pensée : la Tentation de Saint Antoine de Tim Unwin
- Les sciences naturelles dans La Tentation de saint Antoine, Judith Wulf (clic droit, enregistrer sous - pdf) in Revue Flaubert n° 4 - 2004
- La Tentation de Saint Antoine sur Wikipédia
1875, Flaubert va mal, son moral est en berne et de graves ennuis financiers viennent empoisonnés son existence :
« Mon affaissement psychique
doit tenir à quelque cause cachée ? Je me sens vieux, usé, écœuré de tout. [...] Je me perds dans mes souvenirs d'enfance comme un vieillard... Je n’attends plus rien de la vie qu’une suite de feuilles de papier à
barbouiller de noir. Il me semble que je traverse une solitude sans fin, pour aller je ne
sais où, et c’est moi qui suis tout à la fois le désert, le voyageur, et le
chameau ! »
(Lettre à George Sand, 27 mars 1875)
Flaubert abandonne son appartement parisien et vend une de ses propriétés pour éviter la faillite au mari de Caroline. Les soucis financiers mine Gustave Flaubert.
En septembre, il séjourne à Concarneau et y commence La Légende de Saint Julien l'Hospitalier qu'il achèvera en cinq mois.
Flaubert abandonne son appartement parisien et vend une de ses propriétés pour éviter la faillite au mari de Caroline. Les soucis financiers mine Gustave Flaubert.
En septembre, il séjourne à Concarneau et y commence La Légende de Saint Julien l'Hospitalier qu'il achèvera en cinq mois.
En 1876, Flaubert termine La Légende de Saint Julien l'Hospitalier (en février), il écrit Un cœur simple et commence Hérodias.
1876 est endeuillée par la mort de Louise Colet le 8 mars et par celle de George Sand le 8 juin.
« J’avais commencé Un cœur simple à son intention exclusive, uniquement pour lui plaire. Elle est morte, comme j’étais au milieu de mon œuvre. Il en est ainsi de tous nos rêves »
(Lettre à Maurice Sand, 29 août 1877)
Février 1877, Hérodias est achevé. Les trois nouvelles seront réunies dans un recueil, Trois contes. Publication le 24 avril.
Flaubert résumait Un cœur simple dans une lettre à Madame des Genettes :
« Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu’elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. » (19 juin 1876)
« En écrivant Un cœur simple, il s'est rappelé ces années-là. Mme Aubin, ses deux enfants, la maison où elle demeure, tous les détails si vrais, si sentis de cette simple histoire, sont d'une exactitude frappante. Mme Aubin était une tante de ma grand-mère ; Félicité et son perroquet ont vécu. » (Souvenirs intimes de Caroline Commanville)
La domestique de Flaubert, Julie, entrée au service de la famille Flaubert en 1825, est très certainement le modèle de Félicité. La dévouée Julie a passé plus d'un demi siècle auprès de Gustave Flaubert.
« Je satisfais mes besoins de tendresse en appelant Julie après mon dîner, et je regarde sa vieille robe à damiers noirs qu’a portée maman. » (Lettre à sa nièce, 18 janvier 1879).
Un cœur simple, le texte sur Wikisource
Julian Barnes, Le Perroquet de Flaubert, Stock, 1986
Un cœur simple en livre audio lu par Victoria (1h30)
Écouter un extrait : Partie 1
Les Nouveaux chemins de la connaissance, une émission de Raphaël Enthoven du 22 janvier 2008 (30 min).
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Trois contes - Un Coeur simple
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La Légende de Saint Julien L'Hospitalier
Le résumé :
Julien est pris très jeune par la passion de la chasse. Un jour, comme dans un rêve, ne se fatiguant pas de tuer, il commet un immense et cruel carnage. Un grand cerf lui prédit qu'il assassinera son père et sa mère.
Pour fuir cette prédiction, il se jette dans des aventures guerrières,
loin de chez lui. Un empereur, qu'il a sauvé, lui donne sa fille
en mariage, et un château.
Une nuit, il sort, repris par le démon de la chasse. Mais il se révèle incapable de tuer un seul de tous les animaux qu'il rencontre, et qui semblent se moquer de lui.
Pendant ce temps, ses parents, qui le cherchaient depuis longtemps, se présentent à son château, et sa femme les couche dans son lit. A son retour, Julien croit trouver un homme couché avec sa femme et les tue, avant de s'apercevoir qu'il vient de réaliser la prédiction du grand cerf.
Il fuit à nouveau, se fait mendiant, et s'installe finalement comme passeur au bord d'un fleuve inhospitalier.
Une nuit, Jésus, sous la forme d'un lépreux, l'appelle pour qu'il lui donne le passage, lui réclame à manger, à boire, à se chauffer, et se couche dans son lit. Julien le réchauffe de son corps et est enlevé au ciel.
Une nuit, il sort, repris par le démon de la chasse. Mais il se révèle incapable de tuer un seul de tous les animaux qu'il rencontre, et qui semblent se moquer de lui.
Pendant ce temps, ses parents, qui le cherchaient depuis longtemps, se présentent à son château, et sa femme les couche dans son lit. A son retour, Julien croit trouver un homme couché avec sa femme et les tue, avant de s'apercevoir qu'il vient de réaliser la prédiction du grand cerf.
Il fuit à nouveau, se fait mendiant, et s'installe finalement comme passeur au bord d'un fleuve inhospitalier.
Une nuit, Jésus, sous la forme d'un lépreux, l'appelle pour qu'il lui donne le passage, lui réclame à manger, à boire, à se chauffer, et se couche dans son lit. Julien le réchauffe de son corps et est enlevé au ciel.
(J. B. Guinot)
La Légende de Saint Julien L'Hospitalier, lue par René Depasse (1h14)
La Légende de Saint Julien l'Hospitalier, texte sur Wikisource
Le résumé :
Dans sa citadelle de Makawir, au bord de la Mer morte, Hérode retient prisonnier Jean-Baptiste, qui condamne publiquement son union incestueuse avec Hérodias, sa nièce.
De 1878 à 1880, Flaubert travaille avec acharnement sur Bouvard et Pécuchet , il réunit une documentation monumentale pour une œuvre qu'il laissera inachevée.
« Le samedi 1er août, je commence, enfin, Bouvard et Pécuchet ! Je m'en suis fait le serment ! Il n'y a plus à reculer ! Mais quelle peur j'éprouve ! Quelles transes ! Il me semble que je vais m'embarquer pour un très grand voyage, vers des régions inconnues, et que je n'en reviendrai pas. » (Lettre à Tourguéniev, 18 juillet 1874)
« C'est pour t'obéir, mon loulou, que je t'ai envoyé la première phrase de Bouvard et Pécuchet. Mais comme tu la qualifies ou plutôt décores du nom de reliques et qu'il ne faut point adorer les fausses, sache que tu ne possèdes pas la vraie (phrase).
La voici : "Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert". Maintenant, tu ne sauras rien de plus, d'ici longtemps. Je patauge, je rature, je me désespère. J'en ai eu, hier au soir, un violent mal d'estomac. Mais ça ira : il faut que ça aille. N'importe ! les difficultés de ce livre là sont effroyables. Je suis capable d'y crever à la peine. L'important, c'est qu'il va m'occuper durant de longues années. Tant qu'on travaille, on ne songe pas à son misérable individu. » (Lettre à Caroline, 6 août 1874)
« Bouvard et Pécuchet m'emplissent à un tel point que je suis devenu eux ! Leur bêtise est mienne et j'en crève. Voilà peut-être l'explication.
Il faut être maudit pour avoir l'idée de pareils bouquins ! J'ai enfin terminé le 1er chapitre et préparé le second, qui comprendra la chimie, la médecine, et la géologie, tout cela devant tenir en 30 pages ! et avec des personnages secondaires, car il faut un semblant d'action, une espèce d'histoire continue pour que la chose n'ait pas l'air d'une dissertation philosophique. Ce qui me désespère, c'est que je ne crois plus à mon livre. La perspective de ses difficultés m'écrase d'avance. Il est devenu pour moi un pensum. » ( Lettre à Madame des Genettes, 15 avril 1875)
Le résumé :
S'étant rencontrés par hasard, deux copistes, Bouvard et Pécuchet, se sont liés d'amitié. Un héritage imprévu leur permet de réaliser leur rêve : se retirer à la campagne, dans une propriété qu'ils comptent exploiter eux-mêmes. Mais c'est l'échec.Voulant en comprendre les causes, ils se lancent tour à tour dans l'étude de chacune des sciences, puis dans l'archéologie et dans l'histoire, avant de se tourner vers la littérature, la politique, la gymnastique, et de vouloir comprendre l'amour, la magie, la philosophie, la religion et l'éducation.
Leur quête inlassable ayant à chaque fois tourné à la catastrophe, ils décident finalement de se remettre à la copie, et de constituer ainsi un florilège des bêtises de l'humanité. (J. B. Guinot)
Bouvard et Pécuchet, livre audio lu par René Depasse (8h40)
Bouvard et Pécuchet sur Wikisource
Bibliographie :
La Légende de Saint Julien L'Hospitalier, lue par René Depasse (1h14)
La Légende de Saint Julien l'Hospitalier, texte sur Wikisource
Hérodias par Paul Delaroche, 1843 |
Le résumé :
Dans sa citadelle de Makawir, au bord de la Mer morte, Hérode retient prisonnier Jean-Baptiste, qui condamne publiquement son union incestueuse avec Hérodias, sa nièce.
Celle-ci, qui n'était poussée que par l'interêt, craint
d'être répudiée.
Lors d'un grand festin, Salomé, fille d'Hérodias, danse pour Hérode, puis demande, et obtient, la tête de Jean-Baptiste.
Lors d'un grand festin, Salomé, fille d'Hérodias, danse pour Hérode, puis demande, et obtient, la tête de Jean-Baptiste.
(J. B. Guinot)
Hérodias, nouvelle lue par René Depasse (1h18)
« L'histoire d'Hérodias, telle que je la comprends, n'a aucun rapport avec la religion. Ce qui me séduit là-dedans, c'est la mine officielle d'Hérode (qui était un vrai préfet) et la figure farouche d'Hérodias, une sorte de Cléopâtre et de Maintenon. La question des races dominait tout. » (Lettre à Madame des Genettes, 19 Juin 1876).
Hérodias, le texte sur Wikisource
Héodias sur Wikipédia
Hérodias, nouvelle lue par René Depasse (1h18)
« L'histoire d'Hérodias, telle que je la comprends, n'a aucun rapport avec la religion. Ce qui me séduit là-dedans, c'est la mine officielle d'Hérode (qui était un vrai préfet) et la figure farouche d'Hérodias, une sorte de Cléopâtre et de Maintenon. La question des races dominait tout. » (Lettre à Madame des Genettes, 19 Juin 1876).
Hérodias, le texte sur Wikisource
Héodias sur Wikipédia
De 1878 à 1880, Flaubert travaille avec acharnement sur Bouvard et Pécuchet , il réunit une documentation monumentale pour une œuvre qu'il laissera inachevée.
«
Moi, je lis du matin au soir, sans désemparer, en prenant des notes
pour un formidable bouquin qui va me demander cinq ou six ans. Ce sera une
espèce d'encyclopédie de la Bêtise moderne ? Vous voyez
que le sujet est illimité. »
« Le samedi 1er août, je commence, enfin, Bouvard et Pécuchet ! Je m'en suis fait le serment ! Il n'y a plus à reculer ! Mais quelle peur j'éprouve ! Quelles transes ! Il me semble que je vais m'embarquer pour un très grand voyage, vers des régions inconnues, et que je n'en reviendrai pas. » (Lettre à Tourguéniev, 18 juillet 1874)
« C'est pour t'obéir, mon loulou, que je t'ai envoyé la première phrase de Bouvard et Pécuchet. Mais comme tu la qualifies ou plutôt décores du nom de reliques et qu'il ne faut point adorer les fausses, sache que tu ne possèdes pas la vraie (phrase).
La voici : "Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert". Maintenant, tu ne sauras rien de plus, d'ici longtemps. Je patauge, je rature, je me désespère. J'en ai eu, hier au soir, un violent mal d'estomac. Mais ça ira : il faut que ça aille. N'importe ! les difficultés de ce livre là sont effroyables. Je suis capable d'y crever à la peine. L'important, c'est qu'il va m'occuper durant de longues années. Tant qu'on travaille, on ne songe pas à son misérable individu. » (Lettre à Caroline, 6 août 1874)
« Bouvard et Pécuchet m'emplissent à un tel point que je suis devenu eux ! Leur bêtise est mienne et j'en crève. Voilà peut-être l'explication.
Il faut être maudit pour avoir l'idée de pareils bouquins ! J'ai enfin terminé le 1er chapitre et préparé le second, qui comprendra la chimie, la médecine, et la géologie, tout cela devant tenir en 30 pages ! et avec des personnages secondaires, car il faut un semblant d'action, une espèce d'histoire continue pour que la chose n'ait pas l'air d'une dissertation philosophique. Ce qui me désespère, c'est que je ne crois plus à mon livre. La perspective de ses difficultés m'écrase d'avance. Il est devenu pour moi un pensum. » ( Lettre à Madame des Genettes, 15 avril 1875)
Le résumé :
S'étant rencontrés par hasard, deux copistes, Bouvard et Pécuchet, se sont liés d'amitié. Un héritage imprévu leur permet de réaliser leur rêve : se retirer à la campagne, dans une propriété qu'ils comptent exploiter eux-mêmes. Mais c'est l'échec.Voulant en comprendre les causes, ils se lancent tour à tour dans l'étude de chacune des sciences, puis dans l'archéologie et dans l'histoire, avant de se tourner vers la littérature, la politique, la gymnastique, et de vouloir comprendre l'amour, la magie, la philosophie, la religion et l'éducation.
Leur quête inlassable ayant à chaque fois tourné à la catastrophe, ils décident finalement de se remettre à la copie, et de constituer ainsi un florilège des bêtises de l'humanité. (J. B. Guinot)
Bouvard et Pécuchet, livre audio lu par René Depasse (8h40)
Bouvard et Pécuchet sur Wikisource
Bibliographie :
- Bouvard et Pécuchet sur Wikipédia
- Bouvard et Pécuchet par Albert Thibaudet
- Bouvart et Pécuchet par Guy de Maupassant
- Yvan Leclerc, La Spirale et le mouvement, essai sur Bouvard et Pécuchet, Sedes, 2005
« De toutes les œuvres du magnifique écrivain, celle-ci est assurément la plus profonde, la plus fouillée, la plus large ; mais, pour ces raisons mêmes, elle sera peut-être la moins comprise.
Voici quels sont l'idée et le développement de ce livre étrange et encyclopédique, qui pourrait porter comme sous-titre : « Du défaut de méthode dans l'étude des connaissances humaines ». (Guy de Maupassant)
Voici quels sont l'idée et le développement de ce livre étrange et encyclopédique, qui pourrait porter comme sous-titre : « Du défaut de méthode dans l'étude des connaissances humaines ». (Guy de Maupassant)
Le 8 mai 1880, Flaubert meurt brutalement d'une hémorragie cérébrale. Il est enterré le 11 mai au cimetière monumental de Rouen. Émile Zola, Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt, Théodore de Banville et Guy de Maupassant l'accompagent à sa dernière demeure.
« La mort de Gustave Flaubert a été pour nous tous un coup de foudre. (...) je lus ces deux mots : «Flaubert mort.» C'était Maupassant qui me télégraphiait ces deux mots, sans explication. Un coup de massue en plein crâne. (...) Jusqu'au mardi, jour des obsèques, il est resté devant moi ; il me hantait, la nuit surtout ; brusquement, il arrivait au bout de toutes mes pensées, avec l'horreur froide du plus jamais. C'était une stupeur, coupée de révoltes. » (L'Enterrement de Flaubert, Émile Zola)
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En guise de conclusion, trois portraits de Flaubert par Paul Alexis, Anatole France, et Émile Zola (lecture : Victoria).
Paul Alexis, Souvenirs sur Flaubert (10 min) :
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Anatole France, Portrait de Gustave Flaubert (17 min)
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Le texte
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Émile Zola, Gustave Flaubert (20 min)
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Bibliographie sélective :
- Pierre-Marc de Biasi, Flaubert : dynamique de la genèse
- Pierre-Marc de Biasi, Flaubert : le travail de l’écriture
- Pierre-Marc de Biasi, Gustave Flaubert - Une manière spéciale de vivre, Grasset, 2009
- Pierre-Marc de Biasi, Flaubert, l'homme plume, Gallimard, (Coll. Découvertes) 2002
- Boris Lyon-Caen , Flaubert, et le roman oblique, Le début et la fin : une relation critique
- Marcel Proust, A propos du style de Flaubert (article paru dans la Nouvelle Revue Française, 1920)
- Bibliographie flaubertienne 2001-2008 (clic droit pour télécharger)
- Gustave Flaubert : des livres et des amis : Musée des beaux-arts, mai-juin 1980 / [ catalogue de l'exposition organisée par la] Bibliothèque municipale de Rouen (clic droit, "enregistrer sous...", pdf)
- Flaubert - Le Poittevin - Maupassant, Une affaire de famille littéraire
Actes du colloque international de Fécamp (octobre 2000) réunis et présentés par Yvan Leclerc (Publications de l'Université de Rouen, 2002) - Maurice Nadeau, Gustave Flaubert, écrivain.- Editions Maurice Nadeau, 1980
- Albert Thibaudet, Gustave Flaubert (1935) .- Gallimard, 1982 ; (Coll. Tel)
- Gustave Flaubert - Correspondance
TOME I : Janvier 1830 - Mai 1851
Édition de Jean Bruneau . Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 244) , Gallimard , 1973
TOME II : Juillet 1851 - Décembre 1858
Édition de Jean Bruneau. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 284), Gallimard, 1980
TOME III : Janvier 1859 - Décembre 1868
Édition de Jean Bruneau. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 374), Gallimard, 1991
TOME IV : Janvier 1869 - Décembre 1875
Édition de Jean Bruneau. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 443), Gallimard, 1998
TOME V : Janvier 1876 - Mai 1880
Édition de Jean Bruneau et Yvan Leclerc. Avec la collaboration de Jean-François Delesalle, Jean-Benoît Guinot, Joëlle Robert. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 539), Gallimard, 2007
La Correspondance de Flaubert est aussi publiée dans la collection de poche Folio Classique de Gallimard.
Des sites à visiter :
- Centre Flaubert de l’université de Rouen
- Le site de Jean-Benoît Guinot sur Flaubert
- Les Amis de Flaubert et de Maupassant
- Institut des textes et manuscrits modernes
- Bibliographie générale : le catalogue SUDOC
Des livres à télécharger (clic droit, "enregistrer sous...", pdf)
- Gustave Flaubert, Dictionnaire des idées reçues
- Gustave Flaubert, Pensées
- Albert Thibaudet, Gustave Flaubert
Dictionnaire des idées reçues en audio (clic droit, archive zip). Un enregistrement de Librivox
« J'écris non pour le lecteur d'aujourd'hui, mais pour tous les lecteurs qui pourront se présenter, tant que la langue vivra »
Gustave Flaubert
Superbe page thématique !
RépondreSupprimerEt une mine de liens de qualité !
Les "amoureux" de Flaubert sont comblés ...
Bravo !
Juliette
Une mine cette page thématique sur le grand Flaubert ! Merci Victoria pour tout cela...
RépondreSupprimerBertrand, un fidèle
A dix huit ans, j'etais amoureux d'une dame plus agee que moi. " L'education sentimentale" a ete plus qu'un livre pour moi. C'est avec un grand plaisir et une belle surprise que je decouvre cette page passionnante et complete sur Flaubert. Il y a de plus tous les livres audio y compris les moments du proces et la correspondance avec Maupassant.
RépondreSupprimerVraiment bien ! Vraiment...
eric (fedy)
Que de ressources ! Merci pour cette page sur Flaubert, pour les amoureux d'Emma... c'est un beau cadeau ! Belle présentation en plus, très claire. Philippe
RépondreSupprimerFormidable tout ce beau travail ! Merci à vous Victoria. J'espère que vous allez continuer à faire des pages thématiques comme celle-ci, c'est passionnant et je n'ai encore trouvé cela nulle part. Véronique
RépondreSupprimerEn effet, d'autres pages thématiques sont prévues, ce n'est qu'une question de temps... Merci à tous ceux qui ont pris la peine de laisser un message !
RépondreSupprimerTrès cordialement,
Victoria
Grand merci pour cette belle invitation à
RépondreSupprimer(re)découvrir Flaubert. On lit cet auteur parfois trop tôt dans sa scolarité, avant d'avoir vécu ... Les liens font voyager avec bonheur. Encore ..
Jean-Jacques
Merci ,chére Victoria, pour cet excellente page C'est clair, varié...Tous ces documents donnent un bel éclairage à vos lectures (merci à tous les donneurs de voix !)
RépondreSupprimerOn entre dans l'intimité de Flaubert,grâce à vous, par de bien jolies portes.
Merci de tout coeur.
Marie-Ange
Que de ressources ! Cette page thématique est vraiment formidable, non seulement elle est très bien faite mais en plus elle donne accès à une foule de fichiers audio tous plus intéressants les uns que les autres. Pour les passionnés, les curieux c'est d'une grande variété. Merci à vous. Pascal
RépondreSupprimerJe suis ... époustouflée de découvrir un site aussi complet. Il y a même des émissions d'Enthoven que j'avais manquées.
RépondreSupprimerBravo à Victoria et son équipe.
Je vais qd même le faire suivre à mon ami anglais, à moins qu'il n'y ait l'équivalent en GB ?
Encore merci !
Françoise.
Bravo pour cette formidable page thématique sur Flaubert. Les ressources si diverses, les textes, les contextes des œuvres, les illustrations tout est impeccable. Quel travail et surtout quel plaisir d'avoir accès à tous ces enregistrements. Merci beaucoup ! Amicalement, J. C.
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