Laurent Terzieff (1935-2010) |
Un feu sacré s'éteint...
« Acteur au visage et à la voix magnétiques, metteur en scène habité par la passion des mots, Laurent Terzieff, décédé vendredi à l'âge de 75 ans, a traversé plus d'un demi-siècle de cinéma et surtout de théâtre, dont il avait une approche aussi exigeante qu'œcuménique. Cet humaniste, cet artiste curieux et généreux, grand révélateur en France d'auteurs étrangers, s'était fait une place à part dans le milieu théâtral hexagonal.
Né le 27 juin 1935 à Toulouse (Haute-Garonne) de parents artistes plasticiens, d'ascendance russe par son père, ce passionné de poésie s'est épris des planches après avoir vu, encore adolescent, La Sonate des spectres de Strindberg, mise en scène par Roger Blin, qui sera l'un de ses mentors. Hantant les coulisses comme machiniste, souffleur, figurant, doublure, il débute en 1953 dans Tous contre tous d'Adamov sous la direction de Jean-Marie Serreau, autre des maîtres de Terzieff avec Jean-Louis Barrault, qui lui offre Cébès dans Tête d'or à l'Odéon en 1959. Le romantisme de son visage émacié et la beauté de son regard clair ont failli faire de lui un jeune premier de cinéma, quand Marcel Carné le révèle à 23 ans dans Les Tricheurs, portrait de la jeunesse de la fin des années 1950 qui marquera toute une génération. Bunuel, Clouzot, Godard lui confient des rôles.Terzieff noue des fidélités avec des réalisateurs italiens (Pasolini, Rossellini, Zurlini), Claude Autant-Lara (trois rôles) et le cinéma d'art et essai d'un Philippe Garrel (quatre films). Mais, épris d'absolu, il choisit le théâtre comme un sacerdoce, une mystique.
« Acteur au visage et à la voix magnétiques, metteur en scène habité par la passion des mots, Laurent Terzieff, décédé vendredi à l'âge de 75 ans, a traversé plus d'un demi-siècle de cinéma et surtout de théâtre, dont il avait une approche aussi exigeante qu'œcuménique. Cet humaniste, cet artiste curieux et généreux, grand révélateur en France d'auteurs étrangers, s'était fait une place à part dans le milieu théâtral hexagonal.
Né le 27 juin 1935 à Toulouse (Haute-Garonne) de parents artistes plasticiens, d'ascendance russe par son père, ce passionné de poésie s'est épris des planches après avoir vu, encore adolescent, La Sonate des spectres de Strindberg, mise en scène par Roger Blin, qui sera l'un de ses mentors. Hantant les coulisses comme machiniste, souffleur, figurant, doublure, il débute en 1953 dans Tous contre tous d'Adamov sous la direction de Jean-Marie Serreau, autre des maîtres de Terzieff avec Jean-Louis Barrault, qui lui offre Cébès dans Tête d'or à l'Odéon en 1959. Le romantisme de son visage émacié et la beauté de son regard clair ont failli faire de lui un jeune premier de cinéma, quand Marcel Carné le révèle à 23 ans dans Les Tricheurs, portrait de la jeunesse de la fin des années 1950 qui marquera toute une génération. Bunuel, Clouzot, Godard lui confient des rôles.Terzieff noue des fidélités avec des réalisateurs italiens (Pasolini, Rossellini, Zurlini), Claude Autant-Lara (trois rôles) et le cinéma d'art et essai d'un Philippe Garrel (quatre films). Mais, épris d'absolu, il choisit le théâtre comme un sacerdoce, une mystique.
Il a cultivé comme personne le théâtre de fraternité
En 1961, il fonde la compagnie qui portait encore son nom jusqu'à aujourd'hui, hébergée dans les petits théâtres privés de la capitale (Lutèce, La Bruyère, Lucernaire). Là, il peut monter, loin des petits calculs commerciaux, les pièces inédites d'auteurs étrangers qu'il affectionne, comme Andréiev (La Pensée, 1961), Schisgal (Le Tigre et les dactylos, 1963), Albee (Zoo Story, 1965) et Mrozek (Tango, 1967). Il propose également de nombreux spectacles de poésie autour de Rilke, Brecht et Milosz, puis Dernières lettres de Stalingrad (2001), un réquisitoire contre la guerre. Acteur au jeu hors mode et d'une très grande force sensible, bardé de récompenses et de distinctions (Gérard Philipe en 1964, Prix de la critique en 1975, Grand prix national du théâtre en 1987...) sans pourtant avoir recherché la gloire, Laurent Terzieff avait perdu en 2002 sa compagne et partenaire de théâtre, Pascale de Boysson. Mais il avait encore et toujours trouvé la force de remonter sur scène, pour y révéler Mon lit en zinc de David Hare au Studio des Champs-Élysées (2006), Huguie d'Eugene O'Neill au Lucernaire (2007) ou plus récemment L'Habilleur de Ronald Harwood au Rive-Gauche (2009). Cette dernière pièce, exaltation de l'amour du théâtre, prend aujourd'hui une allure testamentaire, à l'image aussi du Philoctète que Laurent Terzieff avait incarné l'automne dernier à l'Odéon. Visage creusé, corps malingre, l'acteur était capable, dans la peau de ce guerrier solitaire devenu infirme, de toutes les inflexions et modulations de voix, de la sérénité à l'éructation en passant par l'ironie mordante. Multiple et unique à la fois. [...] » (Source : DNA)
« Indépendant, exigeant et discret, cet autodidacte du théâtre avait
révélé des auteurs tels que Andreiev, Mrozek, Milosz et les anglo-saxons
James Saunders, Murray Schisdal, Edward Albee. Lors de la 24e cérémonie des
Molières, Laurent Terzieff, acteur incandescent au visage émacié, avait
été sacré meilleur comédien pour son interprétation de "L'Habilleur",
de Ronald Harwood et de "Philoctète", de Jean-Pierre Siméon. "J'ai toujours œuvré pour
une mixité entre un certain théâtre privé et l'aide publique dont je
dispose", a-t-il déclaré en recevant sa récompense, soulignant que "le
théâtre ne se laisse pas enfermer dans des clivages et des étiquettes" [...] ». Le Monde.fr
Laurent Terzieff - Entretien - Paris, octobre 2000.
Laurent Terzieff fait l'éloge du théâtre dans l'émission de Bernard Pivot, Bouillon de culture le 3 février 1995.
A la télé, à la radio...
Les chaînes de télévision France 2 et France 3 ainsi que France Culture ont annoncé des changements de programme en hommage à Laurent Terzieff.
Les Tricheurs, film de Marcel Carné qui l'a révélé en 1958, aux côtés de Jacques Charrier, Pascale Petit et Jean-Paul Belmondo, sera diffusé sur France 3 le mardi 6 juillet à 22h45.
Le 7 juillet à 22h10, France 2 diffusera L'Habilleur de Ronald Harwood, une de ses dernières pièces, qu'il a mise en scène et dans laquelle il jouait le rôle d'un comédien au soir de sa vie.
De son côté France Culture diffusera le mardi 13 juillet à 20h Philoctète, son tout dernier succès au théâtre qui avait été enregistré pour la radio et consacrera plusieurs émissions à Laurent Terzieff.
Dès dimanche, dans "Les Retours du dimanche" à 18h10, la radio évoquera son parcours et rediffusera à 20h l'émission "Affinités électives", dont Laurent Terzieff était l'invité en 2004.
Lundi à midi, une émission sera consacrée à Laurent Terzieff.
Et du lundi 5 au vendredi 9 juillet à 20h30, sera rediffusée la série d'entretiens "A voix nue" donnés en 1997 à Bernard Bonaldi.
Sur France Inter :
Arès avoir ouvert sa bibliothèque à Vincent Josse il y a un peu plus d'un an, Laurent Terzieff avait accepté d'enregistrer des lectures de textes qui lui étaient chers.
Vous pouvez donc entendre sur le site de France Inter :
- Le monde comme volonté et comme représentation d'Arthur Schopenhauer
- L'Aveu d'Adamov
- Les Élégies de Duino de Rainer Maria Rilke
- L'Éloge de la vieillesse de Hermann Hesse
- Les Ondines de Heinrich Heine
- A ceux qui naîtront après nous de Bertolt Brecht
- Les Cahiers de Malte de Rilke
- Deux poèmes courts de Heinrich Heine
Pour aller plus loin...
- Laurent Terzieff sur Esprits Nomades.
Évidemment, un très bien ne suffit pas....
RépondreSupprimerJe ferai le plus vite possible une page thématique sur Laurent Terzieff, celle-ci n'est là que pour marquer la disparition de cet homme que j'admire beaucoup. J'ai encore en mémoire son intervention dans la remise de son Molière du meilleur comédien du 25 avril 2010... Merci Ar Men d'avoir réagi... Tristement, Victoria
RépondreSupprimerJe partage entièrement votre tristesse !
RépondreSupprimerAucun superlatif ne serait déplacé pour qualifier son talent .
J'attends avec impatience votre page spéciale et suis ravie de constater que vous avez toujours d'excellentes initiatives .
Merci , Victoria .
Tout aussi tristement.
Juliette
"Pour le peu d'avenir que me réserve mon futur, ce Molière est un merveilleux encouragement" disait Laurent Terzieff.. Très ému aussi par sa disparition, merci pour cette page sur laquelle les admirateurs de ce grand homme de théâtre pourront exprimer leurs sentiments. François
RépondreSupprimerJe suis très touchée par la mort de Laurent Terzieff... Un grand homme de théâtre et un grand homme tout simplement qui voulait partager avec le plus grand nombre le meilleur sans concession aucune. La photo que vous avez choisie, Victoria, est magnifique ! Oui, ces messages sont comme un livre d'or ouvert à la mémoire de Terzieff et c'est une belle initiative comme le dit Juliette. Je suis très sensible à cela, merci. Véronique
RépondreSupprimerJe voudrais simplement rendre hommage à cet homme de théâtre qui a été la grande voix des auteurs. Je partage la tristesse de tous ceux qui ont eu la chance de l'entendre "vivre" les textes. Marc
RépondreSupprimer«Faire du théâtre, c’est se mettre à l’écoute du monde, pour en être la caisse de résonance.»
RépondreSupprimerLaurent Terzieff
Beaucoup de tristesse à l'annonce de sa disparition, l'immense acteur et comédien a rejoint "la voie lactée" de Bunuel. Merci pour cette page ouverte à sa mémoire. Alain
Tous mes remerciements pour cette page qui donne des informations précieuses, cela démontre bien votre attachement à cet homme exceptionnel à qui le théâtre doit tant. Amitiés, Louis
RépondreSupprimerBel hommage à Laurent Terzieff, merci pour cette page spéciale. Sélim
RépondreSupprimerC'est dommage qu'il faille attendre qu'un homme meurt pour lui rendre hommage.
RépondreSupprimereric
Quand on pense à l'immense carrière de Laurent Terzieff, tant au théâtre qu'au cinéma et en tant que metteur en scène, toujours reconnu par ses pairs et à ses très nombreux prix et récompenses qui ont jalonnés toutes sa carrière, je ne pense pas que l'on se contente d'un hommage "juste parce qu'il vient de mourir". Il reçut de son vivant et depuis bien longtemps les témoignages de toute la profession : 5 Molière, une dizaine de prix pour sa carrière théâtrale, Officier de l'ordre national du Mérite et Commandeur des Arts et des Lettres ! J'en oublie très certainement... Tous les hommages qu'ils méritaient, ils les a reçus tout au long de sa vie et ce dès ces débuts. Ce ne sont pas de simples hommages posthumes qui l'on voit fleurir depuis son décès mais l'expression de tout ceux qui l'admiraient depuis de nombreuses années et de son vivant. Merci pour cette page, Victoria, j'y suis moi aussi très sensible. Dahlia
RépondreSupprimerMerci, chère Victoria pour nous permettre d'écouter encore cet homme intelligent, sensible et plein de charme.
RépondreSupprimerMarie-Ange