Spleen et Idéal
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Lecture : Thibaut Giraud
Poésie
Durée : 1h 08min - (103,6 Mo)
Spleen et Idéal est la première et la plus importante section des Fleurs du Mal.
XXI - Hymne à la Beauté
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abime,
Ô Beauté ? ton regard infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore;
Tu répands des parfums comme un soir orageux;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté, monstre énorme, effrayant, ingénu!
Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?
De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds.
LXXVI - Spleen
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
— Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.
Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité.
— Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.
Charles Baudelaire (1821-1867)
Bénédiction
L’Albatros
Élévation
Correspondances
J’aime le souvenir de ces époques nues
Les Phares
La Muse malade
La Muse vénale
Le Mauvais Moine
L’Ennemi
Le Guignon
La Vie antérieure
Bohémiens en voyage
L’Homme et la Mer
Don Juan aux enfers
Châtiment de l’orgueil
La Beauté
L’Idéal
La Géante
Le Masque
Hymne à la Beauté
Parfum exotique
La Chevelure
Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne
Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle
Sed non satiata
Avec ses vêtements ondoyants et nacrés
Le Serpent qui danse
Une Charogne
De profundis clamavi
Le Vampire
Une nuit que j’étais près d’une affreuse Juive
Remords posthume
Le Chat
Duellum
Le Balcon
Le Possédé
Un Fantôme
Je te donne ces vers afin que si mon nom
Semper eadem
Tout entière
Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire
Le Flambeau vivant
Réversibilité
Confession
L’Aube spirituelle
Harmonie du soir
Le Flacon
Le Poison
Ciel brouillé
Le Chat
Le Beau Navire
L’Invitation au voyage
L’Irréparable
Causerie
Chant d’automne
À une Madone
Chanson d’après-midi
Sisina
Franciscæ meæ Laudes
À une dame créole
Mœsta et errabunda
Le Revenant
Sonnet d’automne
Tristesses de la lune
Les Chats
Les Hiboux
La Pipe
La Musique
Sépulture
Une Gravure fantastique
Le Mort joyeux
Le Tonneau de la haine
La Cloche fêlée
Spleen
Spleen
Spleen
Spleen
Obsession
Le Goût du néant
Alchimie de la douleur
Horreur sympathique
L’Héautontimorouménos
L’Irrémédiable
L’Horloge
Pour aller plus loin...
Spleen et Idéal sur Wikipédia
Une étude du poème, Correspondances
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Merci beaucoup Thibaut, c'est un régal.
RépondreSupprimer(Vincent)
RépondreSupprimerUne magnifique lecture sobre et forte. Merci au lecteur de servir Baudelaire avec autant de talent. Jean
RépondreSupprimerD'accord avec Vincent et Jean : une très belle lecture. Merci à Thibaut. Léa
RépondreSupprimerJe partage l'enthousiasme des auditeurs précédents. Bravo pour cette très belle lecture de Spleen et Idéal que vais recommander autour de moi. Cordialement, Christophe
RépondreSupprimerMerci de tout cœur pour cette harmonieuse lecture de Baudelaire. Je compte bien moi aussi faire connaître votre enregistrement d'une si grande qualité. Cordialement, Isa
RépondreSupprimerMerci à chacun pour vos commentaires. Je suis heureux que ces lectures vous plaisent. Thibaut.
RépondreSupprimerHugo avait raison... Baudelaire "donne à la poésie un frisson nouveau". Votre excellente lecture nous porte dans l'univers baudelairien. On vous sent habité par les mots. Un grand merci pour ce partage. Dahlia
RépondreSupprimerAu risque d'être redondant... votre lecture est superbe. Merci pour cet enregistrement. Christophe
RépondreSupprimerUn très grand merci à ton blog pour cette lecture de la poésie du Baudelaire. j'ai téléchargé "le chat" pour mon premier récital de poésie en français!! Mille merci!
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